Attention à la marge !
JUILLET 2010 À BASSE-TERRE-SUR-ORGE
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Alain est là en bord de chemin, pensif, devant ce qui était, quelques jours auparavant, une parcelle d'orge de brasserie. Garant sa Clio blanche sur le bascôté, Jean-Claude rejoint l'agriculteur d'une quarantaine d'années.
« Bonjour Alain. Que se passe-t-il ? Tu as l'air bien soucieux. Tu as des problèmes chez toi ? » Le sourire aux lèvres, le technicocommercial de la coopérative Graindépi espère voir son interlocuteur se dérider quelque peu.
« J'ai perdu plus de 10 % de ma récolte et je suis en dessous du minimum en protéines. La coopérative va me payer moins cher mon orge. Et toi, tu souris, heureux. Si tu m'avais mieux conseillé, je n'en serais pas là », lance d'un ton véhément l'agriculteur en faisant de grands gestes avec ses bras.
Interloqué, Jean-Claude se sent déstabilisé, puis se reprenant, balance : « Calme-toi mon vieux. C'est toi qui as décidé de mettre moins d'azote cette année. Souviens-toi de ce jour où tu m'as montré le courrier de la chambre d'agriculture qui te disait de mettre moins d'ammonitrate pour faire des économies. »
S'avançant dans son champ en chaume, Alain se retourne vivement et continue en colère : « Si je comprends bien, tout est de ma faute, bien sûr. Mais toi, tu sers à quoi alors ? Tu aurais pu me prévenir que j'allais perdre autant de rendement et de protéines. Après tout, je paie assez cher vos produits pour avoir ce genre de conseil. Tu sais, je suis tellement en pétard que je vais finir par tout prendre au négoce. »
Les mains dans les poches, les yeux rivés au sol, le technico-commercial relève la tête l'air agacé. « J'ai tenté de te dire que tu prenais un risque, mais tu n'as rien voulu entendre. J'aurais dû t'obliger à t'asseoir devant ton ordi et à calculer ce que tu pouvais perdre. Nous n'allons pas foutre en l'air dix ans de collaboration en quelques minutes, non ? Tes marges ont bien progressé depuis que tu bosses avec nous. Tu me l'as souvent dit. »
Poussant un long soupir, Alain finit par adopter un ton plus posé. « Oui, c'est vrai. Mais la prochaine fois, je veux que nous regardions bien tout ce que cela peut me coûter que de changer ma façon de travailler. »
Hélène Laurandel
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